dimanche 8 mars 2015



NOUVELLE SUSPENSION D’ATTRIBUTION DE TERRAIN DE 06 MOIS
Bathily se trompe de combat et de cible

La décision interministérielle de suspendre les lotissements et les demandes de transformations de concessions rurales d’habitation en titre foncier  prise le 25 février en conseil des ministres, vient prolonger la crise financière dans laquelle sont plongés les acteurs du foncier depuis plusieurs mois. Une crise, avec son corollaire de chômages, de fermeture de cabinets sous le poids des impôts etc. Et si le ministre se trompait de cible ?
 Dans les cabinets de géomètre experts ; chez les urbanistes, les promoteurs immobiliers, les notaires ont se tourne le pouce. Il n’y a pas de travail depuis le début des suspensions. Ils ont dus tout arrêté. Car l’article 04 de ces arrêtés stipule que « les présentes mesures s’appliquent aux dossiers en cours d’instruction. » Si cette baisse voire l’arrêt de travail chez les acteurs est inquiétant, c’est le chômage qu’il crée au sein des  nombreux jeunes qui œuvrent à leurs côtés qui annihilent les efforts de l’Etat en matière de création d’emploi. Ces jeunes techniciens qui tirent le gros de leurs revenus de la fréquence de marchés, sont aujourd’hui à faire du thé au sein des cabinets et à scruter l’avenir, inquiets. Inquiets de savoir, quand est ce que tout cela va prendre fin.
Après une première suspension de 06 mois (Août 2014 à Février 2015), les acteurs qui s’attendaient à voir levé cette mesure et reprendre les travaux, ont reçu comme un coup de poignard un deuxième arrêté interministériel prolongeant leur souffrance et asphyxiant  leurs sociétés déjà agonisantes.
L’arrêté interministériel N° 2015-0205 des ministères du Domaines de l’Etat, et des Affaires Foncières, de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, pris le 02 Mars dernier suspend les attributions de terrain du domaine immobilier de l’Etat et des collectivités territoriales pour 06 mois.  Cette décision vient prolonger le marasme économique qui ronge les acteurs de ce secteur qui espéraient voir le bout du tunnel.
Les raisons évoquées depuis le début de ces suspensions sont entre autres : la nécessité de sécuriser  les données physiques de la conservation foncière du cercle de Kati et du district de Bamako ;  l’élaboration de la stratégie de mise en place du cadastre au Mali ; le détournement des terrains du domaine public de l’Etat et des collectivités…
 Ce dernier point constitue à n’en point douter le goulot d’étranglement. Le doigt accusateur est unanimement pointé sur les différents acteurs. Ceux-ci n’étant pas blanc comme neige, il convient aujourd’hui à la lumière des textes de voir qui fait quoi exactement.
L’article 02 du code domanial est claire « …tous les immeubles non immatriculés sont du domaine de l’Etat… »  Ce qui sous tend que les terrains ruraux frappés par la suspension d’attribution et de transformation sont concernés. Mais la confusion entre le code domanial et le droit coutumier favorise pas mal de dérive. Le droit coutumier étant exclusivement un droit d’usage, est royalement ignoré par les ruraux avec la bénédiction des autorités. La preuve, les plus grands vendeurs de parcelles sont non les géomètres experts, les coxer mais plutôt les chefs de village avec la complicité des autorités. La vente d’un terrain par un rural à un autre citoyen (alors qu’il n’en n’a pas le droit, car relevant du domaine de l’Etat) est légalisée chez le maire qui délivre un titre provisoire. C’est ensuite au tour du sous préfet après enquête commodo-incommodo et avis de ses services techniques en plus du PV de palabre qui prend la décision de confirmation du titre provisoire. C’est ce titre qui en suivant la procédure d’immatriculation est transformé en Titre Foncier suivant le respect des cahiers de charges.
On voit là tout ce qui se joue au dessus de la tête des acteurs du privé qui pourtant sont considérés comme des brebis galeuses de la sphère foncière.
Empêché des personnes de travailler pendant toute une année n’a jamais été la solution et n’en sera jamais une. La non application des textes et la complicité entre l’administration et ceux qui violent les lois doit cesser.  A défaut d’interdire la vente des domaines de l’Etat pas des tierces personnes, la relecture des textes s’impose pour l’encadrer.
Quid de l’article 05 de cet arrêté ?
Non consultés et informés au même moment que le commun des citoyens, les acteurs privés du foncier ne décolèrent pas. Pis, ils soupçonnent l’Etat de procéder sous couvert de l’article 05 de l’arrêté interministériel à des attributions illégales des terres. Cet article stipule « Des mesures dérogatoires peuvent être spécifiquement prises dans tous les secteurs concernés, pour la poursuite ou l’élaboration de certains projets nécessitant des affectations locations ou cessions de terrains. »
Ce travail reviendrait à la commission interministérielle d’examens des demandes de dérogations.
Nous y reviendrons.



ATTENTAT A LA TERRASSE  
De rue « princesse » à rue « fantôme » ?
Un Français, un Belge, trois Maliens  et plusieurs blessés c’est le lourd bilan de l’attentat de la terrasse qui a eu lieu dans la nuit du vendredi dernier au samedi. Hormis  les deux suspects arrêtés, rien ne filtre pour le moment les enquêtes en cours. Mais au sein des riverains c’est la psychose.
Sur place, le périmètre est sécurisé. Les forces de l’ONU sont à tous les coins de rues. Les passants, motocycliste et véhicules sont obligés de faire de grands détours. Au tour de la Terrasse, sur toute les lèvres ont parle que de l’horrible scène qui a fait 05 morts et plusieurs blessés.  Devant le Tamana,  un restaurant situé à 100 mètre du lieu du crime,  des jeunes au tour du thé dissertent sur le déroulement de l’attentat meurtrier. Abdoulaye appelons le comme ça, dira que la scène s’est produite aux environs de minuit, une heure de grande affluence à la Terrasse. Le commando selon lui enturbanné aurait tout d’abord fait des tirs de sommations avant de tirer à bout portant sur les personnes affolées qui tentaient de s’échapper. La fusillade aura selon durée moins d’une minute. Il affirme même qu’une connaissance à lui du nom de Djawé ferait parti des rescapés. Mieux c’est un miraculé, car à  ses dires,  la seule fille malienne morte était en sa compagnie. Il semblait plus au parfum que le vigile de Tamana et des autres autour de lui, car personnes n’osa l’interrompre encore moins émettre un avis contraire. Mais comment il a pu franchir la sécurité du restaurant avec son arsenal  pour perpétrer son forfait ? Là était la question à mille réponses. Si d’aucuns soutiennent que le loubard préposé à la sécurité à pris la tangente en voyant l’homme armé, d’autres soutiennent que non, car le commando avait dissimulé son arme pour un troisième le gardien mort lors de la fusillade serait le loubard. Inutile de vous dire que sur la question il n’y a pas eu d’unanimité au sein de la petite bande.
Les forces de l’ONU et la police nationale quadrillent bien le périmètre. Une présence qui agace certains passants. «  S’ils avaient procédé de la sorte ( minusma NDLR) au lieu de rester dans leurs chambres climatisées et chercher nos sœurs, cela ne se serait jamais produit. » lance un motocycliste visiblement agacé par la situation. Même son de cloche pour cet autre passant qui à la vue d’un véhicule pick-up surmonté d’armes lourdes (12-7) avec à son bord des policiers encagoulés laisse entendre que « c’est juste pour aujourd’hui et demain. Ensuite ils ne feront plus rien. »
La psychose le long de la rue …princesse
Cette rue est réputée chaude et animée surtout pendant le week-end. Pas moins de Dix bars restaurants longent la rue. C’est un endroit idéal pour déstresser après une rude semaine de travail. C’est ce que semblaient d’ailleurs faire les victimes quand ils ont été surpris par le tireur « encagoulé » « enturbanné » c’est selon les versions. Mais après ce qui vient de se produire, la rue risque d’être déserte pour un bon moment. Tablier proposant de la cigarette, des bonbons au coin de la rue princesse, A.D est sûr d’une chose « à partir de maintenant (Vendredi NDLR), dès 17 heures je vide les lieux. Peu importe ce que j’ai gagné au cours de la journée. Ma vie importe plus que de l’argent. »
Affairé sur le moteur d’un tricycle dans son garage juste en face du bla-bla premier restaurant à l’entrée de la rue, Issa est apeuré. « C’est vrai que je ne reste pas ici tard  puisque je descends le soir, mais il faut dire que je ne suis pas tranquille à l’idée de savoir que des hommes ont été froidement assassinés à quelques pas de mon lieu de travail. Ça ne me rassure pas, même dans la journée. »
Si les vendeurs et autres travailleurs ont le loisir de vite vider les lieux, c’est n’est le cas des habitants de la zone. Eux sont condamnés à y demeurer. Nombre d’entre eux rencontrés devant leur domicile demandent aux autorités policières de veiller sur les lieux 24/24 et toute la semaine. Ils disent avoir peur pour leur vie.
Comme …Charlie
Le mode opératoire n’est pas sans rappeler à Ismaïl  jeunes diplômé sans emploi, habitant des lieux celui des frères Kouchi au sein de la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo. Un attentat qui avait fait une dizaine de morts. « La manière d’agir du commando est pareille à celle des frères Kouachi au journal Charlie Hebdo. S’ils ne sont pas du même bord, je parie qu’il en été inspirée. Seul les buts peuvent différer, car à Charlie il s’agissait de tuer des journalistes connus mais ici il s’agissait de tuer,  rien que de cela » conclu t-il.
Au-delà de cette rue, la psychose est la chose la mieux partagée aujourd’hui à Bamako. Car la question qui taraude les esprits c’est : Où va-t-il frapper à nouveau ?