Femmes et médias
A coups de plume, de micros et de
clic elles brisent les stéréotypes
Le 03 Mai, journée internationale
de la presse me donne l’occasion de parler d’une couche qui parle des autres mais dont on parle très peu
malgré leurs efforts. Il s’agit des femmes journalistes. Ces femmes qui se battent aux côtés de leurs
confrères hommes, sont rarement mises en exergue, en tout cas pour la grande
majorité. Je vous amène dans le quotidien de ces femmes qui malgré les
difficultés, ne courbent pas l’échine.
Le monde
de la presse qualifié par certains de « misogyne » n’a pas toujours
fait de cadeaux aux femmes. Il a fallu de la volonté et de la foi et souvent du
sacrifice de la part des femmes pour se faire une place dans le milieu. Aujourd’hui,
elles sont nombreuses à occuper des postes de responsabilités que ce soit à la
presse écrite, dans les radios et à la télévision. Mais pour y parvenir, le
chemin fut long et difficile. Salimata
Fofana est la seule femme rédactrice en chef d’un quotidien au Mali et ce,
depuis 2013. Exerçant au quotidien « Le Combat » depuis sept (07) ans.
Du haut de son mètre quatre vingt trois,
forte stature, elle a du charisme à revendre. Une qualité qui lui permet sans
nul doute de veiller scrupuleusement au respect de la ligne éditoriale d’un
journal qui compte dans le paysage médiatique malien. A l’instar de Salimata
Fofana, elles sont nombreuses, les femmes qui se sont frayées leur chemin dans
ce milieu dit « chasse gardée des hommes ».
Salimata Fofana, rédactrice en chef du quotidien "Le Combat"
A l’instar de Salimata Fofana, la télévision
Liberté Tv est aujourd’hui gérée par Nabou touré qui a fini de faire ses
preuves sur les plateaux d’Africable télévision. Togola Hawa Séméga fait parti de ces femmes
qui ont su s’imposer dans le paysage médiatique malien. Passé par la rédaction
du bi hebdomadaire « l’Aube » elle est aujourd’hui directrice de la
web tv « Kunafoni.com ».
La
réussite de ces braves Dames, encouragent de plus en plus d’autres jeunes à
embrasser le métier.
Bintou
vient de terminer ses études de journalisme dans un institut de la place. Son
amour pour le métier ne date pas d’hier. Le déclic selon elle, c’est depuis
l’enfance quand elle voyait des figures féminines comme Hawoye Touré, Aïssata
Ibrahim Maïga officier au journal télévisé de 20 heures sur les antennes de l’Office
Radio Télévision du Mali (ORTM). « Aussi
longtemps que je me souvienne, j’ai toujours voulue être journaliste. Mais
cette passion pour les médias est due en grande partie à des journalistes comme
Hawoye Touré, Rokia Sanogo et plus tard Aïssata Ibrahim Maïga. C’était un
plaisir pour moi de les voir présenter le journal. Et ça l’est toujours. C’est
pourquoi j’ai décidé après mon Bac de m’orienter vers le journalisme ». Si elle exerce aujourd’hui au sein de la
presse écrite pour dit-elle mieux se former à l’écriture elle entend très
prochainement faire de la télévision.
Ces
exemples de réussite pour la jeune génération de femmes journalistes, ont
affronté des obstacles pour se hisser là où elles sont actuellement.
Hawoye Touré, journaliste à l'ORTM
« Des femmes de talents ont
abandonné le métier sur pression de leurs époux »
Le
journalisme est un métier passionnant et prenant. Les horaires de travail ne
sont pas figés. Les missions de longues durées font partie du
« job ». Si pour les célibataires cela peut être moins contraignant,
il n’en est pas de même pour celles qui sont mariées. La conciliation entre la
vie de couple et professionnelle n’est pas toujours évidente. « Il faut instaure un débat franc au
sein du couple. Au début de mon mariage ce n’était pas facile surtout avec la belle famille. Mais le soutien de mon mari
m’a été d’une grande aide pour dépasser ces moments. Aujourd’hui Dieu merci,
avec le temps, mes beaux parents ont appris à me connaitre et m’encouragent
d’ailleurs » explique cette
journaliste d’un grand quotidien de la place. Par contre, elle raconte le cas
de certaines de ses consœurs, qui ont été obligées par leurs maris de déposer la plume et de se consacrer à leur famille
tout bonnement. « Des femmes de
talents ont abandonné le métier sur pression de leurs époux » dit-elle
avec beaucoup de regrets.
Une
autre difficulté à laquelle sont confrontées les femmes journalistes, et qui
n’est pas propre qu’à elles seules, est,
les avances quasi permanentes des hommes. Des avances qui frisent souvent le
harcèlement et le chantage.
Journalistes ! Pas « corps à désirer »
Au cours
d’une conférence tenue à la maison de la presse sur la place des femmes dans
les médias, Ramata Tembély, journaliste au quotidien l’indépendant à oser le
mot « corps à désirer ».
Selon elle, il n’est pas facile pour une
femme de faire ce métier, parce que la plupart du temps on ne voit pas la femme
en tant que journaliste mais plutôt un « corps à désirer ». Des
témoignages comme celle de Keïta Ramata Tembély sont à foison. Le témoignage de cette autre journaliste qui a
décidé de garder l’anonymat sur le sujet est déroutant. « Je venais de commencer le métier. Un jour ma rédaction m’a envoyée couvrir une activité d’une grande structure de
la place. Après la cérémonie, le directeur
m’a approché et on a échangé quelques mots, puis, il m’a demandé de
passer lui remettre une copie de mon journal après parution. Quand je suis passée à son bureau avec l’article,
au lieu de prendre connaissance du contenu du papier, il m’a fait asseoir, m’a
servi un café et à commencer sans gêne à me faire des propositions indécentes.
J’ai été choquée. J’ai quitté son bureau au bout des larmes ». Elle qui
avait songé quitter le métier après cette scène, s’est rendue compte avec le
temps que cela ne s’arrêtais jamais. Si elle admet qu’on ne s’y habitue pas,
avec le temps elle le prend avec plus de philosophie et parvient à en rire.
Le petit plus des femmes dans les
médias
Nabou Touré, directrice de la chane de télévision "Liberté Tv"
Il est
faux de penser que les femmes valent moins que les hommes au sein des médias.
Et ça, c’est un journaliste de longue carrière qui le dit. Selon Abdoul Thiam, administrateur de la maison de la presse,
en plus des rôles de directrices de publication, de rédactrices en chef
qu’elles assurent, elles vont sur le terrain et souvent effectuent des missions
périlleuses. Il rappelle au bon souvenir, l’exemple d’Assa Sakiliba de la radio
Klédu « qui est restée longtemps sur la
ligne de front au plus fort de l’occupation ». Elles ne se contentent pas des seconds rôles,
mais, participent à l’information saine du public. Si selon lui les femmes
rivalisent avec leurs confrères hommes dans tous les domaines, il ne reste pas
moins qu’elles ont un petit plus par rapport à ces derniers. « Le charme, la délicatesse qui peuvent leur
permettre d’obtenir de bonnes infos tout en gardant leur dignité et honneur
intact ».
Malgré
les avancées notables, des stéréotypes
demeurent. Elles le savent, et compte
les surmonter comme elles l’ont fait avec les défis qui semblaient il y a peu
insurmontables pour elles.
Très bel article
RépondreSupprimerChapeau cher confrère. L'article est tout simplement bon.
RépondreSupprimer