OBTENTION
D’UNE CHAMBRE AU CAMPUS SOCIAL DE L’UCAD
La
corruption érigée en règle
L’anxiété
est le sentiment le mieux partagé au campus social de l’université Cheick Anta
Diop de Dakar. Moins de cinq mille lits pour plus de soixante quinze mille
étudiants. En attendant la fin de la codification (répartition des lits), qui
fera sans doute de nombreux mécontents, les étudiants prient, combinent, tente
de corrompre, juste pour une seule place.

Un nombre de lits loin
de satisfaire les besoins des étudiants en matière de logement qui va crescendo
d’année en année. Six l’année dernière, Moussa Dia partage cette année la
chambre avec onze autres étudiants. La promiscuité c’est leur quotidien.
Le thé à la menthe qui
boue sur le feu à l’autre angle de la chambre, n’attenue en rien cette odeur
forte et âcre qui vous tenaille l’estomac et lui fait faire un grand tour dès
votre entrée dans cette chambre. La puanteur des souliers que vient de retirer,
cet autre étudiant, n’est pas pour arranger les choses. Au même moment,
dégoulinants de sueur, Aly et Modou de retour du terrain de football, jettent
dans un coin de la maison leurs habits tout trempés. Le désordre est patent.
En l’espace de quelques
minutes l’air devient presqu’irrespirable. Le bruit de la vieille photocopieuse
de Cheick N’Diaye occupé à satisfaire des clients, au N’balax que distille la
mini chaîne de Sékou, s’ajoute le débat passionné entre trois autres étudiants
sur les récente débâcles du Barça et du Réal Madrid en league des champions
face respectivement au Bayern et au Borussia Dortmund. On se croirait au marché de Sandaga (grand
marché de Dakar).
« C’est toujours comme ça ici, souvent c’est
plus animée car nous recevons la visite d’autres amis. » lâche un
d’entre eux dans une indifférence déconcertante. Mais tout ce tohu bohu, ne
semble avoir aucun effet sur Fallou, qui semble plongé dans une bulle qui
l’épargnerait de ces bruits. Le titre de son livre en ait certainement pour
quelque chose, titré « comment aimer
une femme africaine » de l’auteur ivoirien Isaïe Biton Coulibaly,
Fallou n’a d’oreille que pour l’auteur. Étonnant cependant pour celui qui se
distingue de ses autres camarades par son accoutrement. Chapelet avec un autre
collier à l’effigie de son marabout, lui pendent au cou. C’est un fidèle de Cheick
Bétio, confie Aly qui terminais d’envoyer sa culotte rejoindre les autres
habits « puants » dans le coin. La diversité des ouvrages disposés de
façon désordonnée formeraient une bibliothèque riche et variée.
Cette situation de
surcharge des chambres, le COUD compte y mettre fin à la fin des codifications
qui se déroulent actuellement. Elle permettra de désengorger les chambres en
attribuant les chambres à un nombre raisonnable d’étudiants. Car dans la
situation informelle actuelle, filles et garçons partagent le même pavillon,
les nombres ne sont pas déterminés. Mais la suite de ces codifications fera
sans doute des mécontents, car le nombre de lits étant très inférieur à la
demande.
Un sujet qui aussitôt
abordé par Seydou Faye qui vient juste selon lui de se faire enregistré au près
du délégué de sa faculté jette une douche froide dans la chambre. Si l’odeur
demeure, le bruit quand à lui à disparu, laissant la place au très sensible
sujet de la codification, qui lui est abordé avec une peur bleue et calmement.
De son grand corps d’athlète aux muscles saillants, c’est d’une voix
presqu’inaudible que Moussa N’Diaye dit toute son inquiétude quand aux
codifications en cours, « J’ai
vraiment peur de ne pas avoir de lit. Les places cette année sont très
limitées. Pour ma part je n’ai personne à Dakar chez qui loger. Donc si je n’ai
pas de lit je me demande comment je vais m’en sortir ? »
A l’instar de Moussa N’Diaye,
Aïssatou Diop assise devant le restaurant « argentin » avec un groupe
d’amies ne cache pas non plus son inquiétude, « Je n’ai pas les moyens de louer une la maison hors du campus. Alors si
je n’ai pas de maison je suis foutue. »
La
corruption comme solution …
La crainte de se
retrouver sans lit et ne savoir que faire, amène, ces étudiants à employer
des moyens peu orthodoxes.
Moussa N’Diaye et AÎssatou Diop affirment tous deux,
approché les délégués de leur s facultés respectives, afin de négocier des
places. « Nous leur donnons une somme d’argent, et eux à leur tour se chargent de
nous satisfaire aux termes des codifications » disent ils.
Cette façon de faire, à les en croire est
infaillible.
Sous le couvert de
l’anonymat ce délégué, confirme l’existence de cette pratique, mais ajoute,
qu’il ne s’est jamais prêté à cette pratique. Au milieu de la paperasse,
visiblement préoccupé par le bon déroulement de la codification, Mamadou Thiam
Chargé de la logistique et de la rénovation du campus, du COUD se veut serein
quand à la réussite des codifications en cours. « Nous allons rectifier ce qui se faisait avant, c'est-à-dire mettre fin à
cette pratique, qui consistait pour certains étudiants à se faire codifier alors qu’ils étaient pas dans la nécessité pour ensuite revendre les lits les
lits à ceux qui en avaient réellement besoin de ça. Dans les jours avenir une
note va de façon formelle interdire cette pratique. »
La
réhabilitation et la finition de certains bâtiments d’ici la fin de l’année
permettront de porter selon lui la capacité d’accueil qui va passer de cinq
mille à plus de neuf mille lits.
En attendant la fin des
travaux, de la publication de la note d’interdiction, de la fin des
codifications, ça corrompt.
DAGNOKO
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