vendredi 3 mai 2013


OBTENTION D’UNE CHAMBRE AU CAMPUS SOCIAL DE L’UCAD
La corruption érigée en règle

L’anxiété est le sentiment le mieux partagé au campus social de l’université Cheick Anta Diop de Dakar. Moins de cinq mille lits pour plus de soixante quinze mille étudiants. En attendant la fin de la codification (répartition des lits), qui fera sans doute de nombreux mécontents, les étudiants prient, combinent, tente de corrompre, juste pour une seule place.

Ça craint. Le Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD), à du pain sur la planche. En effet le campus social dont il à la gestion, suite à la démolition de certains bâtiments et à l’évacuation des pavillons dits espagnols, se retrouve avec moins de cinq mille lits pour son pléthore d’étudiants.
Un nombre de lits loin de satisfaire les besoins des étudiants en matière de logement qui va crescendo d’année en année. Six l’année dernière, Moussa Dia partage cette année la chambre avec onze autres étudiants. La promiscuité c’est leur quotidien.
Le thé à la menthe qui boue sur le feu à l’autre angle de la chambre, n’attenue en rien cette odeur forte et âcre qui vous tenaille l’estomac et lui fait faire un grand tour dès votre entrée dans cette chambre. La puanteur des souliers que vient de retirer, cet autre étudiant, n’est pas pour arranger les choses. Au même moment, dégoulinants de sueur, Aly et Modou de retour du terrain de football, jettent dans un coin de la maison leurs habits tout trempés. Le désordre est patent.
En l’espace de quelques minutes l’air devient presqu’irrespirable. Le bruit de la vieille photocopieuse de Cheick N’Diaye occupé à satisfaire des clients, au N’balax que distille la mini chaîne de Sékou, s’ajoute le débat passionné entre trois autres étudiants sur les récente débâcles du Barça et du Réal Madrid en league des champions face respectivement au Bayern et au Borussia Dortmund.  On se croirait au marché de Sandaga (grand marché de Dakar). 
« C’est toujours comme ça ici, souvent c’est plus animée car nous recevons la visite d’autres amis. » lâche un d’entre eux dans une indifférence déconcertante. Mais tout ce tohu bohu, ne semble avoir aucun effet sur Fallou, qui semble plongé dans une bulle qui l’épargnerait de ces bruits. Le titre de son livre en ait certainement pour quelque chose, titré « comment aimer une femme africaine » de l’auteur ivoirien Isaïe Biton Coulibaly, Fallou n’a d’oreille que pour l’auteur. Étonnant  cependant pour celui qui se distingue de ses autres camarades par son accoutrement. Chapelet avec un autre collier à l’effigie de son marabout, lui pendent au cou. C’est un fidèle de Cheick Bétio, confie Aly qui terminais d’envoyer sa culotte rejoindre les autres habits « puants » dans le coin. La diversité des ouvrages disposés de façon désordonnée formeraient une bibliothèque riche et variée.
Cette situation de surcharge des chambres, le COUD compte y mettre fin à la fin des codifications qui se déroulent actuellement. Elle permettra de désengorger les chambres en attribuant les chambres à un nombre raisonnable d’étudiants. Car dans la situation informelle actuelle, filles et garçons partagent le même pavillon, les nombres ne sont pas déterminés. Mais la suite de ces codifications fera sans doute des mécontents, car le nombre de lits étant très inférieur à la demande.
Un sujet qui aussitôt abordé par Seydou Faye qui vient juste selon lui de se faire enregistré au près du délégué de sa faculté jette une douche froide dans la chambre. Si l’odeur demeure, le bruit quand à lui à disparu, laissant la place au très sensible sujet de la codification, qui lui est abordé avec une peur bleue et calmement. De son grand corps d’athlète aux muscles saillants, c’est d’une voix presqu’inaudible que Moussa N’Diaye dit toute son inquiétude quand aux codifications en cours, « J’ai vraiment peur de ne pas avoir de lit. Les places cette année sont très limitées. Pour ma part je n’ai personne à Dakar chez qui loger. Donc si je n’ai pas de lit je me demande comment je vais m’en sortir ? »
A l’instar de Moussa N’Diaye, Aïssatou Diop assise devant le restaurant « argentin » avec un groupe d’amies ne cache pas non plus son inquiétude, « Je n’ai pas les moyens de louer une la maison hors du campus. Alors si je n’ai pas de maison je suis foutue. »
La corruption comme solution …
La crainte de se retrouver sans lit et ne savoir que faire, amène, ces étudiants à employer des moyens peu orthodoxes. 
Moussa N’Diaye et AÎssatou Diop affirment tous deux, approché les délégués de leur s facultés respectives, afin de négocier des places.  « Nous leur donnons une somme d’argent, et eux à leur tour se chargent de nous satisfaire aux termes des codifications » disent ils.  
Cette façon de faire, à les en croire est infaillible.
Sous le couvert de l’anonymat ce délégué, confirme l’existence de cette pratique, mais ajoute, qu’il ne s’est jamais prêté à cette pratique. Au milieu de la paperasse, visiblement préoccupé par le bon déroulement de la codification, Mamadou Thiam Chargé de la logistique et de la rénovation du campus, du COUD se veut serein quand à la réussite des codifications en cours. « Nous allons rectifier ce qui se faisait avant, c'est-à-dire mettre fin à cette pratique, qui consistait pour certains étudiants à se faire codifier alors qu’ils étaient pas dans la nécessité pour ensuite revendre les lits les lits à ceux qui en avaient réellement besoin de ça. Dans les jours avenir une note va de façon formelle interdire cette pratique. » 
La réhabilitation et la finition de certains bâtiments d’ici la fin de l’année permettront de porter selon lui la capacité d’accueil qui va passer de cinq mille à plus de neuf mille lits.
En attendant la fin des travaux, de la publication de la note d’interdiction, de la fin des codifications, ça corrompt.
DAGNOKO



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire