jeudi 29 mai 2014

DIALEMI : Au delà de l’amour charnel

Dialemi, de la réalisatrice Nadine Otsobogo fait parti de ces films qui entrainent le spectateurs dans la réalité de ses acteurs.  Le choix des plans et du cadre de vie de l’acteur principal nous plonge dans l’univers mélancolique et solitaire de ce personnage qui s’accroche comme une bouée de sauvetage à un personnage abstrait.
Laurent Awondo de son silence pesant, qui vaut  plus  que des mots se refuse à l’ouverture. Professeur de littérature et de théâtre à l’université de Libréville, seul dans sa maison au bord de la mer il tente de redonner un visage humain  à la pierre qu’il scalpe de coups. Le visage de ELLE, elle, qui, malgré les âges n’a  pris aucune  ride. Elle, est restée la belle fille au sourire radieux sur  le cliché au bas de la tour Eiffel qui orne son mur.  Elle qui, Dialemi (Elle s’amuse) à lui donner et à parfois lui couper l’inspiration de par ses nombreuses apparitions et disparitions.
Le court métrage Dialemi porte une part de sa réalisatrice. Initiatrice du festival environnemental Masuku, Nadine s’immisce dans le court métrage en bordant toute cette vie de solitude de son acteur de verdure.  Verdure de laquelle surgit l’ombre abstraite  de l’actrice prudence pour rendre plus douce les nuits de Laurent Awondo.  Cette attirance de la réalisatrice pour l’abstrait ne justifierait-il pas le titre d’un de ses films tourné en collaboration avec Oumar Seck intitulé «  songe au rêve » ?
De l’image abstraite aux titres de films évocateurs, on voit toute la place qu’accorde Nadine au rêve dans ses œuvres. Elle va jusqu’à se fondre dans l’âme de son acteur qui entretien un lien solide avec sa sculpture sensée représenter son rêve qui, selon lui n’a pas de prix.
Tout comme cette sculpture, la beauté féminine ne semble pas avoir de prix aux yeux de Nadine, qui n’hésite pas à la montrer dans sa splendeur la plus crue. 
De la sensibilité et la fragilité de son LUI en passant par le nudité de ELLE, Nadine dévoile les parties cachées de l’homme.
Même si le cinéma en Afrique a connu des mutations certaines au fil des ans, il faut dire que cette façon de présenter la beauté féminine n’a pas toujours fait l’unanimité. Même si les tabous tombent les uns après les autres, cette dernière à la vie dure. Combien sont elles ces actrices du continent prêtes à renoncer à un rôle dès qu’elles se voient proposer des scènes de nudité ? Nombreuses sans doute.
Mais, Prudence Maidou (Elle), une actrice libre qui en plus de son talent énorme, sait jouer avec son corps. Elle est cette muse qui inspire le sculpteur, lui donne le sourire en plus de ses quelques rares moments de joie qu’il passe à enseigner sa passion aux enfants.  Dans le long  métrage « Dakar trottoirs » du réalisateur Sénégalais  Hubert  Laba Ndao, prudence remet ça. Non, prudence, n’est pas imprudente, elle vit son art. Et, enfin prudence, danse et s’amuse avec son sculpteur qui hormis le fait que sa sculpture soit terminée comme par magie, se donne à cœur de tailler son visage dans la célèbre pierre de Mbigou que l’on retrouve au Gabon.
Soutenu par africiné et primé à de nombreux festivals dont, les African awards movies au Nigéria et lauréat du prix poulin de bronze au dernier FESPACO, Dialemi est la parfaite illustration de l’amour, cet amour au delà du charnel.
Ce qui n’est pas forcement la vision de la réalisatrice Nadine otsobogo, mais à quelques nuances près « Le thème de l’œuvre n’est pas forcement l’amour, c’est l’inspiration qui nous touche aussi bien en réalisation, en écriture ou en production. En fait, c’est ce qui est au fond de nous, je voulais parler de l’amour intérieur, qui nous inspire tous les jours. »
Le rapport à l’art ; le rêve ; la beauté de la nature ; les émotions ; tout ça, Nadine vous le montre et vous le fait vivre en seulement 20 minutes.


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