DEBROUILLARDISE AU SEIN
DU CAMPUS SOCIAL DE L’UNIVERSITE
Quand, le bonheur des
uns fait le malheur des autres

On se croirait dans un centre commercial. Les affiches, les
pancartes indiquant les chambres des
étudiants qui offrent tels où tels services, vous agressent presque. La façade
des bâtiments, les portails, mêmes les poubelles, est mise à contributions pour
attirer le regard des potentiels clients. Les prix, comparés à ceux proposés
pour les mêmes services hors du campus sont très accessibles. Ecartés la concurrence extérieur, il n’en
demeure pas moins qu’elle fait rage au sein du campus.
Si dans la chambre 110 du pavillon L, huit (08) photos
d’identités font 500Fcfa, pour le même prix vous avez neuf (09), photos dans la
chambre 15 du pavillon B, vous pouvez même en avoir 10 à ce même prix nous
confie un étudiants. Questionnés sur leurs motivations, à mener ces activités
extra scolaire au sein du campus, les réponses sont toujours les mêmes :
arrondir les fins de moi.
Dans la chambre 18 du pavillon B, assez spacieuse pour trois étudiants, une
dizaine de personne attendent d’être servis. Assis face à son ordinateur, Saliou
N’Diaye est celui que tout le monde sollicite.
Cet étudiant à la faculté de
lettres, qui fait de l’impression, la
photo et la vente de certains articles, nous fait savoir que c’est pour des
raisons purement économique, qu’il mène cette activité, « Depuis maintenant trois ans que je suis à la
Fac, c’est ma deuxième années d’offrir ces services aux étudiants. Ma première
année à été très difficile, la bourse ne me permettant pas de m’acheter des livres
et de manger correctement, j’ai décidé de me lancer dans ce business dès ma
deuxième année. Et dieu merci aujourd’hui ça va. »
Crâne coincé entre la main gauche, tondeuse à la main droite,
à le voir en besogne on ne dirait pas un
étudiant, tant l’homme sait s’y prendre. Pour Ousmane Diop, étudiant à
la faculté de Droit, c’est le désir
d’être indépendant qui l’a poussé à faire la coiffure « Je suis assez grand, pour toujours demandé
de l’argent à mes parents. Et puis issu d’une famille pas très aisée, je me
suis dis qu’il vaut mieux que j’apprenne à voler des mes propres ailes. Même
si, je ne gagne pas des centaines de mille par mois, il faut dire que je m’en
sors, à bon compte, vu la concurrence et le nombre d’étudiants qui offrent les
mêmes services que moi ».
S’agissant de leur recette journalière, si certains
s’abstiennent de donner le montant,
même approximative, ce qui n’est pas le cas de Babacar Sow, qui affirme,
« cela varie en fonctions qu’il y
ait assez de clients où pas. Il m’arrive d’avoir 8000Fcfa en une journée en
réparant les ordinateurs, tandis qu’il y
a des jours où je peines à avoir 2000Fcfae ».Une bonne affaire
donc !
Ces services ne font pas moins le bonheur des étudiants, qui
y ont recours. Pour Fatou Guèye étudiante en droit, on ne peut avoir mieux
ailleurs « les coûts d’impressions
de nos mémoires, leurs reliures nous reviennent moins chers, que ceux qu’on
nous propose en dehors du campus. Ils nous rendent vraiment service. »
se réjouit-elle.
Les avantages et la rentabilité de ce « business » cachent bien mal, les
côtés négatifs de la chose, qui ont pour noms échec scolaire et perturbation de
la quiétude d’un cadre destiné au repos et à l’apprentissage.
Ces activités des étudiants, ne seraient pas selon bons
nombres de leurs camarades, étrangères au taux d’échecs qui vont crescendos
d’année en année.
Mais comment, faire pour que ces activités, qui tirent
d’affaires nombres d’étudiants, ne prennent
pas le pas sur les études. Une équation
que beaucoup d’entre eux ne parviennent pas toujours à résoudre. D’abord
hésitant, Saliou N’Diaye, se décide enfin avec une gêne perceptible sur le
visage à lâcher le morceau « il arrive souvent que je ne puisse
réviser mes leçons tant les demandes sont souvent nombreuses. Et logiquement je
me retrouve avec des notes pas très
souhaitables. »
En plus d’eux-mêmes, les étudiants qui mènent ces activités
empêchent dans la plus part des cas, ceux
avec lesquels ils partagent la
même chambre, de se reposer et de réviser normalement leurs cours.
C’est un Salia Diouf très remonté contre ses camarades qui
font ces activités dans les chambres communes, qui explique le calvaire qu’il a vécu l’année
dernière « l’année dernière j’étais
avec un étudiant dans la même chambre qui faisait l’impression, la gravure, la
reliure et les photos. Je ne parvenais pas à réviser correctement mes cours et
à préparer mes examens et je me reposais à peine, la chambre étant pleine à
chaque instant de la journée. Pour qui connait la difficulté d’avoir une
chambre au campus, j’ai donc été obligé de rester et subir. Mais cette année,
je m’enragerai à ne pas cohabiter avec ces étudiants qui font ces activités. »
Cheick Sarr étudiant en
médecine, apprécie lui les services compte tenu des coûts abordables, mais
pense que c’est l’endroit choisi pour les exercer qui pose problème. La
solution selon lui est que, le Centre des Œuvres Universitaires de Dakar
(COUD) ne permette pas aux étudiants, d’exercer
des activités qui n’ont rien avoir avec les études dans les chambres.
Car à ses dires, l’intérieur des chambres, demeure avent tout un cadre de repos
et d’apprentissage pour les étudiants qui y vivent.
La recherche de gain pour arrondir les fins de mois, de
certains ne doit pas cependant primer voir empêcher les autres de s’adonner
correctement à leur études conclu t-il.
Il revient donc au Centre des Œuvres Universitaires de Dakar
(COUD), garant du campus de trouver des solutions au plus vite, pour que le
bonheur des uns ne fasse pas le malheur des autres.
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