FOUSSEYNI MAIGA
PRESIDENT DU RADEV
« 2000 personnes ont pu d’ores et déjà
bénéficier de nos formations en entreprenariat et leadership. »
Aider les jeunes en
les formant au leadership, à l’entreprenariat et en les orientant vers des
secteurs porteurs, voici, la mission que s’est assignée le Réseau des
Ambassadeurs pour le Développement (RADEV). Fusion de plusieurs associations de
jeunes, ce réseau se veut un outil de promotion de l’auto emploi et d’aide à
l’insertion des jeunes. A bâton rompu, son président nous expose, sa raison
d’être, ses objectifs et ses perspectives.
Le Pouce C'est quoi le RADEV ?
Fousseyni
Maïga :
Le Réseau des Ambassadeurs du Développement (RADEV-MALI) est une association de
réflexion et d’action citoyennes dont la mission est de promouvoir le
développement au Mali. Le Radev-Mali œuvre en faveur d’un double changement,
celui des mentalités et des comportements au Mali. A cette mission s’ajoute la
promotion des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Le RADEV est une
entité indépendante dont les actions sont exclusivement orientées en faveur des
communautés locales et du développement communautaire.
Nos actions
s’articulent autour de 4 axes majeurs que sont: la formation et les renforcements
de capacités ; les études et publications ; l’information et la
sensibilisation ; le lobbying et les plaidoyers.
Nos domaines
d’activités stratégiques sont : l’éducation et la santé; la sécurité
alimentaire ; la culture et la citoyenneté ;l’emploi des
jeunes ; le développement durable ; la démocratie et la bonne
gouvernance ; la justice et la réconciliation ;
l’environnement et l’assainissement.
Le Pouce :
Quelles sont les cibles des formations en entreprenariat et leadership que le
Radev organise ?
FM :
Rappelons d’abord que ses formations s’inscrivent dans le cadre du Projet
REJESEP ‘’Réorientation des Jeunes vers les Secteurs Porteurs’’. Une initiative
du Radev qui s’inscrit dans le cadre de la promotion des secteurs productifs
comme l’Agriculture, l’agro-business, l’élevage, la pèche auprès des jeunes.
Axé sur la promotion de l’entreprenariat et d’activités génératrices de
revenus, le projet REJESEP comprend quatre (4) composantes : la Formation de 2000 jeunes en Entreprenariat
et Leadership ; l’installation (identification de projet, conception de
plan d’affaires, appui à la recherche de financement et coaching individualisé)
de 1000 jeunes dans des activités génératrices de revenus ; la formation
de 1000 jeunes en techniques de recherches d’emploi et coaching personnalisé
jusqu’à l’obtention d’un emploi ou stage ; une campagne de plaidoyers pour
l’introduction des modules d’Entreprenariat dans les cursus universitaires (à
partir de la 3ème année) et professionnels (dès la spécialisation).
La première composante du projet REJESEP, notamment
la formation gratuite de 2000 jeunes en Entreprenariat et Leadership, cible
particulièrement les étudiants en fin de cycle et les jeunes diplômés sans
emploi.
Le Pouce : Quels
sont les modules abordés dans ces formations ?
FM :
Les formations portent sur 4 modules principaux qui sont : les Créneaux
porteurs, l’Agro-business, l’entreprenariat, le leadership et le développement
personnel. Tous ces modules visent une meilleure appropriation des concepts de
leadership et d’entreprenariat par les jeunes et l’acquisition de connaissances
et de techniques pour valoriser leur potentiel. A cet objectif, s’ajoutent la
promotion du développement et la vulgarisation des nouveaux outils de création
d’entreprises.
Le Pouce:Qu'est ce qui selon vous pousse
les jeunes vers la reconversion ?
FM : Bien entendu le manque d’emploi.
Mais limiter la problématique de la reconversion uniquement à cet aspect,
serait lui ôter toute sa quintessence. Parce que la reconversion en elle-même
ouvre le débat sur l’inadéquation des offres de formations et les besoins du
marché de l’emploi. L’Etat dépense chaque année des milliards dans la formation
de juristes, d’économistes, de littéraires. Ces derniers, au terme de leur
formation initiale, se retrouvent tout simplement dans la rue parce que ne
répondant pas aux besoins du marché de l’emploi. Les jeunes sont donc, pour ne
pas rester inactifs, obligés de se reconvertir vers d’autres secteurs
d’activité.
Le Pouce : L'agro business et l'artisanat sont des
créneaux vers lesquels vous invitez les jeunes, pourquoi?
F M : Pour
la simple raison qu’ils regorgent de nombreuses opportunités et potentialités.
Au Mali, le secteur Agricole (agriculture, élevage, foresterie et pêche) est
considéré comme le moteur de la croissance économique en raison des énormes
potentialités dont dispose le pays et de l’importante majorité de la population
qu’il emploie (80% de la population active). Le secteur contribue en moyenne
pour 40 à 45% au PIB avec un taux de croissance moyen de 3,6% par an. Par
comparaison, l’or qui constitue la principale ressource minière du pays,
contribue au PIB à hauteur de 10%.
Le Mali recèle de grandes
potentialités Agricoles. Pour ce qui concerne la production, le potentiel des
espaces physiques est globalement estimé à 46, 6 millions d’hectares, dont 12,2
millions d’ha de terres Agricoles, 30 millions d’ha de pâturage, 3,3 millions
de réserve de faune, 1,1 million de réserve forestière. La superficie des zones
cultivables et inondables est estimée à 2,2 millions d’hectares. En plus, le
Mali a des ressources importantes en eaux
avec 2.600 km de fleuve, une grande diversité biologique, des ressources
forestières et fauniques, et un cheptel abondant et diversifié (9 millions de
bovins, 22 millions d’ovins/caprins, 1 millions de camelins, 37 millions de
volailles). Des statistiques qui prouvent à suffisance la nécessité d’investir
dans le domaine de l’Agro-business.
Quand au
Secteur de l’Artisanat, il reste sans conteste un gisement puissant d'emplois dans le milieu urbain, périurbain
et rural susceptible d'appuyer efficacement la lutte contre le chômage et le
sous-emploi des jeunes. En effet, il offre un grand choix de carrières
possibles et de réelles opportunités à chaque jeune de devenir son propre
patron. Toutefois, l’atteinte de résultats concrets
et efficaces requiert nécessairement la mise en lien des différents acteurs de
développement autour d’offres de formation professionnelle et de services
financiers et non financiers adaptés aux réalités socioéconomiques du secteur
de l’artisanat et de ses acteurs.
Le Pouce : A ce
jour combien ont bénéficié de la formation du Radev et qu’elle est la suite ?
F M : 2000 personnes ont pu d’ores
et déjà bénéficier de nos formations en entreprenariat et leadership. 5000
personnes sont prévues dans les deux années à venir sur toute l’étendue du
territoire national.
La formation, comme prévu dans le projet Rejesep, est la première
composante. Elle sera suivie de 3 autres phases. La plus imminente est l’installation
des participants dans des activités génératrices de revenus. Il s’agira de les
aider dans l’identification de leur projet, la conception de leur plan
d’affaires et la recherche de financement. Un dispositif de coaching
individualisé a d’ores et déjà été mis en place pour cette occasion. Il est
également prévu, parallèlement à l’installation des bénéficiaires, une campagne
de plaidoyers pour l’introduction des modules d’Entreprenariat dans les cursus
universitaires (à partir de la 3ème année) et professionnels (dès la
spécialisation).
Le Pouce : Si
tant est que après plusieurs années d'études il faut ensuite aller vers des
formations et autres, alors, faut-il fermer les facultés ?
F M : Fermer les facultés pour mettre un terme à
la reconversion des jeunes, c’est pousser les enseignants à la reconversion.
Pour la simple raison que sans facultés, il ne saurait avoir d’étudiants. Et
sans étudiants, pas d’enseignants. Le défi aujourd’hui pour notre pays, à court
terme, est de réduire de 80% les orientations des bacheliers dans les facultés
dont les formations n’offrent pas de véritables opportunités pour les jeunes.
Dans
le court terme, il conviendra à l’Etat de mettre en place un programme national
de reconversion des jeunes vers les secteurs productifs pour palier à la
défaillance due à l’inadéquation entre les offres de formation et les besoins
du marché de l’emploi. Aussi, d’introduire l’entreprenariat dans les cursus
universitaires et professionnels pour répondre de manière anticipative au
problème de chômage des jeunes.
Dans
le long terme, le défi sera de renverser la tendance ‘’20% de scientifiques
contre 80% de littéraires’’ vers une tendance ‘’70% de scientifiques contre 30%
de littéraires’’. Avec la création de beaucoup plus de centres professionnels
et le développement de formations courtes. Les universités régionales, à
l’image de celle de Ségou, axées sur les potentialités et besoins locaux
doivent être multipliées.
Il
ne s’agira donc pas de fermer les facultés existantes, qui n’offrent pas assez
de perspectives, mais de les réadapter aux réalités économiques conjoncturelles
du pays. Et d’ouvrir le débat sur les missions de notre système d’enseignement
supérieur.
Réalisée par Mohamed DAGNOKO