dimanche 12 avril 2015

CRISE DE L’EMPLOI AU MALI
La reconversion dans l’air du temps


Face à l’incapacité des diplômes de nos universités à  procurer de l’emploi à de nombreux jeunes ; ils ont décidé de prendre leur destin en main. Ils essayent désormais la reconversion vers des créneaux et corps de métiers dits porteurs.
Le chômage dans notre pays est endémique.  Tout le monde s’accorde à le dire. Les jeunes diplômés de nos universités peuplent nos rues autour des théières, à déposer sans grands espoirs leurs dossiers dans les structures de la place ou a enchainé stage après stage sans être embauchés.
Mais, malgré ce constat, ils sont des milliers chaque année à venir peupler le marché de l’emploi déjà saturé.  Pour quitter cette sphère de paupérisation croissante,  échappé au cercle vicieux des petits boulots de survie, les jeunes maliens ont décidé de prendre leur destin en main, en s’orientant vers les secteurs employeurs et porteurs. Ils se reconvertissent donc. Pour…….. Boiré, conseiller technique à l’Assemblée Permanente des Chambres de Métiers du Mali (APCMM) «  les jeunes se rendent à l’évidence que les secteurs comme l’artisanat ne sont pas dégradant comme on tente de faire croire. » mieux, c’est des secteurs qui emploient plus que la fonction publique. Depuis le début de mois de Mars ils sont une centaine à participé chaque samedi et dimanche aux formations initiées par le Réseau des Ambassadeurs du Développement (RADEV) à Daoudabougou. Formés en montage de projet et en leadership, les opportunités qu’offrent l’agrobusiness et l’artisanat qui sont des secteurs dits porteurs, sont exposées aux jeunes. Les aspirants au même sous secteurs de l’agriculture ou de l’artisanat, sont regroupés dix par groupe, coachés, mieux outillés sur le secteur choisi, comment acquérir les financements et vers qui se diriger pour les avoir. « Après ces deux jours de formations, je suis désormais sûr que je ne vais plus durer au chômage. » admet Adama Coulibaly détenteur d’une maîtrise en  géographie, à sa sortie de la formation. Adama, à l’image de plusieurs autres formés, se disent prêts à s’investirent vers ces secteurs qu’ils jugent « prometteurs ».
Des juristes….maçons ?
L’Etat les y accompagne. Dans la deuxième génération de son Programme d’Emploi Jeunes (PEJ2), l’Agence pour l’Emploi des Jeunes (APEJ), prévoit la reconversion des jeunes vers « 14 filières » selon son coordonateur régional du district Abdoul Kader Sylla. Jugées porteuses par la Direction Nationale de la Formation Professionnelle (DNFP), ces filières sont entre autres : La maçonnerie, l’électricité bâtiment, plomberie sanitaire, carrelage, peinture bâtiment, système d’information géographique, coupe-couture stylisme, la transformation agroalimentaire, la chaudronnerie, l’infographie etc.  S’étendant sur une durée de 3 à 6 mois selon les filières, les objectifs est de « renforcer l’employabilité des jeunes » selon Abdoul Kader Sylla. Débuté le 16 mars pour prendre fin le 30 du même mois, la date compte tenu de « l’engouement » a été prolongée pour prendre fin hier 08 Avril. A la date du premier Avril, la coordination enregistrait plus de 600 dossiers pour le seul district de Bamako pour les 834 places disponibles pour l’ensemble du territoire. Un nombre qui peut être revu à la hausse, en fonction de
 « la demande et de la disponibilité des ressources » lâche Abdoul Kader Sylla.

Des diplômes de plomb
 « Nos universités forment des chômeurs », cette phrase n’émeut plus personne, tant le fait  est vécu dans presque toutes les familles maliennes et en passe d’être banalisé. L’incompatibilité entre la formation et l’emploi est pointé du doigt. « Le Mali compte plus de juristes de géographe et de socio anthropologue que de mécaniciens auto, de menuisiers de soudeurs. » lance cet artisanat à la tâche et de conclure comme une sentence « aucun pays ne peut se développer qu’avec des théoriciens. ».

Des théoriciens qui décrient cette politique de l’Etat qui consiste « à former pour former » sans alternatives pour les diplômés. « Je m’étonne que des filières entières ne sont pas concernées lors des concours d’entrée à la fonction publique » s’indigne Moussa kanté formé en science de l’éducation à l’ex Faculté des Lettres Arts et Sciences Humaines (FLASH).  Le diplôme malien souffre de son « infériorité » face à ceux obtenus en France, au Maghreb et dans la sous région. Ce double handicap  que constituent « l’incompatibilité » et « l’infériorité » doit pousser l’Etat à reconsidérer sa politique de formation en orientant plus d’efforts vers la formation professionnelle selon ……Bouaré conseiller technique à l’APCMM. Les jeunes ont déjà enclenché la dynamique, reste à l’Etat d’accompagner plus efficacement en y consacrant plus de moyens pour résorber le chômage des jeunes et relancer l’économie Malienne.

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